J'avais les yeux fermés pendant que Gabriell me transportait. J'imaginais les couloirs que nous traversions remplis de rires d'enfants, de sourires et de gaîté, comme auparavant.
Ce n'est que lorsque j'ai senti l'air frais, et presque froid de l'automne que j'ai ouvert les yeux. J'ai regardé autour de moi, l'odeur de mort avait disparu l'espace d'un instant.
Il m'a déposée au pied de ce grand chêne, nous sommes restés silencieux un moment. Je voulais profiter de chaque instant de répis que m'accordait la douleur. Mon regard se tourna vers le ciel, un ciel si bleu qu'il vous en déchire le coeur rien que par sa grandeur. Le soleil brillait, mais ses rayons ne chauffaient plus. Nous serons bientôt aux périodes de neige.
Je regardais ce coin de nature, paradis au milieu de l'horreur. J'étais simplement bien. J'oubliais les plaques bleues sur mon corps, j'oubliais le tourni, j'oubliais la sueur.
Qu'est-ce qui était le mieux? Avoir conscience de sa mort ou simplement dormir en attendant qu'elle vienne vous prendre?
Le petit par terre de fleur n'était plus fleuri à présent. Je me souviens des après-midi passés avec Ysanne et Darien lorsqu'ils étaient plus petits. Les couronnes de fleur faites avec Kitty... Les longues promenades avec Poeri et nos discussions qui n'en finissaient jamais. Nos rires d'adultes.
Mes yeux brillaient à ce spectacle. Mais uniquement parce que les larmes vinrent embuer mon regard.
Oui... J'aime...
Ma voix aussi serrée que ma gorge fut l'élément qui poussa quelques larmes à dégringoler mon visage. Le vent passant sur celles-ci me fit frissoner. Je souhaiterais rester ici éternellement.