Un doute nommé Ornlu

Lycanthrope ou Humaine, la frontière est si étroite et pourtant la différence est si grande. L’humanité ou l’animalité, une différence qu’Itsumi avait appris à interpréter comme la Justice et la Moral. La légalité et son devoir de Templière, la moralité et ses instincts de louves. Depuis qu’elle avait subi cette malédiction par la morsure de Fozzy, la Louve Templière n’avait eu de cesse d’en souffrir. Tout d’abord, la grande guerrière démone qu’elle était, fut réduite à l’état d’une lycan qui ne pouvait même plus manier sa célèbre épée du chaos. Elle avait alors du se retirer de la Royal Vengeance, car à partir de ce jour, elle avait aussi appris à regretter. Il est aisé de poursuivre la voie du mal et de la souffrance lorsque l’on n’éprouve aucune hésitation et pitié. Mais dès que le doute s’installe, la force de la volonté n’est plus là pour soutenir ses propres ambitions et l’on devient faible, aussi faible que l’humanité puisse l’être. Lorsque Itsumi se sent vulnérable, elle préfère fuir pour mieux rebondir.

C’est dans l’idée de se racheter pour ses crimes, idée typiquement humaine, que l’ancienne Démone du Chaos avait rejoint les Templiers peu après. Ses anciens ennemis étaient devenus ses compagnons et c’est en leur nom, qu’elle faisait régner la Justice dans l’Alliance Humaine. Oui, l’homme place beaucoup d’espoir dans la justice car elle est la seule qui puisse permettre l’équité entre eux et leur assurer un brin de prospérité. L’homme a su même démontrer que la Justice prévôt toujours devant la morale. Car devant toute subjectivité, l’objectivité doit prédominer, ainsi on espère pouvoir dire que le crime ne paie pas malgré le bien fondé de certaines infractions. Et en ce sens, la Louve Templière est humaine et elle s’applique à faire son devoir malgré le doute qui peut parfois l’assaillir. Elle s’en remet à une volonté plus forte, une obéissance aveugle devant la Justice

Toutefois, la Itsumi n’est plus une humaine, elle ne peut même pas s’offrir l’illusion de l’être car reprendre ces traits serait s’abandonner au démon. Alors, elle a dans un premier temps du souffrir de ce physique, jusqu’à s’y habituer et l’adopter. Ce n’était sans doute pas le destin dont elle avait rêvé, mais c’est sa réalité. L’ancienne démone a du apprendre et comprendre les instincts et ce qu’ils induisent. Alors que les hommes s’associent à la logique et à la réflexion, les lycans obéissent l’instinct. C’est cet instinct qui est sa source principale de doute car il remet en question, ce qu’elle est et ce qu’elle fait. C’est ce doute qui est encore venu la perturbé ces derniers jours, ce doute s’appelle Ornlu.

Elle l’a rencontré devant la Taverne de Sarosa durant une de ses patrouilles. Il s’est avancé et l’a observé. Sous ses yeux de loup, il a observé Itsumi comme une Lycan et non comme une Templière. Il ne lui a pas demandé directement son nom mais il a voulu connaître son odeur, ce qu’instinctivement elle a accepté et a elle-même fait. L’odeur est très important pour eux car elle beaucoup plus significative des informations que la vue ou l’ouïes peuvent apporter. Ils ont ensuite parlé puis ils se sont quittés lorsqu’Ornlu ne supporta davantage la présence d’autant d’humains. A l’odeur du sang séché d’humain qu’il portait, elle aurait du l’arrêter et le livrer à l’Armée Royale, mais elle ne l’avait pas fait. Lui-même avait accepté de lui parler alors qu’il avait du comprendre qui elle était. Légalement ennemi mais moralement frère et sœur de la même race, aucun de deux n’avaient suivi la logique humaine et s’en étaient remis à la moralité de l’instant.

Les jours passèrent et ils se revirent quelques fois. Partageant quelques paroles ou balade en forêt, ils apprirent un peu à se connaître et dans cette relation Itsumi se remit en question. Le Lycan n’avait rien d’un réel criminel, il chassait pour manger et il respectait sa propre race. Les humains eux même ne font ils pas cela ? La réelle question pour la Louve était, acceptait elle d’appartenir à sa race ou non, accepter une nature pour laquelle l’on n’était pas née.