Alohra Clandestin
Nombre de messages : 1445 Age : 30 Date d'inscription : 28/11/2008
| Sujet: Ce soir-là Sam 29 Nov - 20:09 | |
| Cette nuit-là, le clair de lune était sanglant Et révélait une silhouette d’antan. Les pâles rayons de lune tombaient en vague Sur ses cheveux éparses et faisaient apparaître une vieille dague. La jeune fille, d’une beauté merveilleuse Avait posé sa main fine sur la boucle d’une branche creuse Et avait rejeté sa tête en arrière Pour humer une dernière fois la pureté de l’air.
Elle avait tant de fois admiré les beautés de ce monde, Cette ancienne princesse qui avait goûté l’onde. Elle avait tant de fois vu le pêché et la cruauté Cette enfant qui avait traversé les siècles pour l’éternité. Elle était la princesse infante de la Terre, La fille de l’hyménée de l’Air et de la Mer.
Elle avait régné avec Amour sur l’humanité, Elle avait combattu avec désespoir contre les forces du Mal, Son épée avait volé et touché sans faille. Le Temps n’avait aucune prise sur cette Immortelle, Qui embrasait et épousait la Terre par sa beauté. Et sa vie avait chaviré, un soir dans cette vieille citadelle L’amour avait pris son cœur Pour le donner à Isyriad, son âme sœur.
Ensemble, ils avaient vogué sur les océans déchaînés Et survolé les champs de blé. Mais ces amants d’une beauté et d’une puissance incroyable Étaient voués à un sort effroyable. La menace qui secouait le trône des époux Devait entraîner Alohra dans un désespoir fou, Car en effet, prenant l’apparence d’un loup, Les Grands Oiseaux d’Atofath avaient emprisonné Pour ne plus relâcher, son bien-aimé. Et si le Temps n’avait aucune prise sur cette Belle, Il faucha en plein cœur Isyriad, simple mortel.
La peine de la princesse fut immense Et laissa son trône sans défense. Les Grands Oiseaux d’Atofath prirent son Empire Et au son larmoyant d’une lyre, L’Immortelle s’en fut seule vers des contrées inconnues. Seule, le Soleil léchant sa poitrine nue. Elle erra pendant des siècles, avançant sans but, Sa conscience avait rendu les armes, rendant vaine toute lutte. Son âme s’était envolée Avec le doux esprit de son bien-aimé. Le désespoir et la peine ravageaient sa poitrine, Enserraient sa taille fine Pour ne laisser aucun répit À son âme et à son cœur meurtri.
C’est ainsi qu’elle arriva au cœur de cette immense forêt, Où elle s’agenouilla auprès des furets Elle avait marché plus de mille ans, Le désespoir conquérant son sang.
C’est toujours ici qu’Alohra se tient, Regardant le Lune et le Ciel vers les siens. Son esprit est absent depuis longtemps Et seul son cœur encore battant Érige un rempart contre le Temps. Et dans un dernier souffle de vie, L’Immortelle fait rejaillir sa magie. Elle change ses bras et sa tête en branches Et son corps en tronc de couleur blanche. Elle, fille du Monde, est maintenant arbre. Ses branches aux fleurs parmes Dirigent la forêt, sa fille Et la rivière, sa pupille.
Cette Immortelle poursuit son règne éternel Sur la Forêt, sa patrie nouvelle Et seul le bruissement du vent dans ses branches Rappelle son malheur passé Et la présence de son bien-aimé.
Son amour l’avait détruite. Elle ne s’était donné aucune chance, dédaigné la fuite, En aimant ainsi sans douter. Maintenant, elle est damnée pour l’éternité La forêt l’enveloppant peu à peu, La protégeant du brûlant feu, Qui ne cessera en son cœur de la consumer, Pour l’éternité… | |
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