A la croisée...

Il y avait si longtemps… Si longtemps… Et pourtant à peine était-il arrivé à Trigorn que, presque malgré lui, ses pas l’avaient mené jusqu’à une bâtisse fort chère à son cœur : le temple se dressait devant lui. Y avait-il encore une chambre pour lui ? Il avait toutes les raisons d’en douter… Sa fée était-elle revenue ? Il en avait eu ouï-dire. Cela eut-il été faux qu’il aurait conservé au fond de son cœur la seule certitude qui l’habitait : il la savait en vie puisqu’il en va ainsi des êtres si fortement liés : l’un meurt lorsque l’autre n’est plus.

Il l’avait tant cherché. Il avait remué ciel et terre pour la retrouver. Il aurait même remué tout l’air de ce monde si cela avait pu l’aider ; mais cela n’eut été que brasser du vent…

A bout, il avait fini par accepter l’hospitalité d’un fidèle ami et avait ainsi trouvé refuge dans un lieu fort éloigné. De même, il fit le choix de découdre les croix blanches qui ornaient ces habits ; les mêmes croix blanches que celles qu’il avait maintenant devant les yeux.

‘Est-ce trop tard pour y aller ?’

Il y avait si longtemps, que sont cœur ne battait que pour lui, malgré son devoir Templique et ses longs périples à la recherche d’elle-même, il ne l’avait vraiment jamais quitté en pensées.

Elle s’était nourrie au fil des épreuves mises sur son chemin, de cet intense amour pour évoluer et certes pour devenir plus forte, pour coûte que coûte le retrouver.

Après une convalescence silencieuse, la petite Fée Krapette, arpentait les immenses jardins en quêtes de merveille, quand elle se rappela un rendez-vous chez l’artisan du bois au sein du Temple.

Celui-ci l’avait contacté pour l’éventuel changement dans son enseigne Templique au devant de ses appartements.

Elle passa lui confirmer qu’elle ne désirait aucun changement, en insistant sur le faite, que tant qu’elle serait dans l’Ordre des Templiers, se serais les appartements de Sir Funeste et Dame Krapette.

Après cette entrevue courtoise, elle se mit à arpenter les longs couloirs du Temple.

A la croisée de l’entrée principale et du couloir où elle déambulait, elle est soudainement prise d’un léger malaise, comme l’explosion de ses émotions qui la paralysa sur place.

‘ Que se passe t’il ?’

‘ Où est-tu mon aimé ?’

Il restait en retrait, muré dans un silence et un calme qui contrastaient avec l’agitation autour de lui.

Si « seul le premier pas, coûte », pourquoi le dernier devenait-il soudainement impossible ?

‘Si elle avance alors que moi je recule...
Comment veux-tu… ?’

Il fit le choix de grimper à un arbre afin de s’assoir à une branche assez élevée. De là, il pouvait observer ce monde qui grouillait. Il y avait là, d’ailleurs, beaucoup d’agitation. Du bruit lui parvenait à ses oreilles d’elfes ainsi que des éclats de voix de personnes chères. Des gens entraient et sortaient sans prendre le temps de se soucier de sa présence. Surplomber ainsi tout ce peuple qui s’affaire avait quelque chose de fascinant, surtout pour quelqu’un qui avait fait le choix de l’exil et de l’isolement… Parmi les ombres qui défilaient, certaines lui étaient connues, d’autres moins. Mais aucune fée ne passait. Alors il se mit à guetter une apparition, un rayon de soleil : peut-être finirait-elle par se faire deviner au travers des rideaux de sa chambre…

Elle resta immobile quelques instant, profondément habitée par un sentiment étrange.
Ensuite elle ferma les yeux un moment le coeur en émoi et les mains tremblante.
Après un instant de profonde méditation, elle reprit un peu de force, assez pour rejoindre ses appartements.
Après avoir franchi le pas de sa porte et atteindre le devant du balcon en scrutant de loin l’horizon, ses appartements lui semblait vide de sens.
Elle manquait d’air…Elle manquait …

‘ Comment cela est-il possible ? ’

‘ Une seul personne éveil en moi un tel émoi ! ’

‘ Je te sens si proche de moi…’

‘ Puis je le croire cet appel en moi, qui cogne avec effroi, les parois interne de mon cœur ? ’

C’est alors que d’un geste précis elle ouvrit les grandes fenêtres, et fit quelques pas.
Baignée par le soleil, elle respirait le nectar des chèvrefeuilles qui ornait ses balcons.
C’était le met préférée de la petite Fée, les cheveux aux vents, les yeux fermés, divinement nourrie, elle pouvait laisser son cœur s’enivrer de bonheur.
Et ainsi penser à lui…son aimé…

A force de fixer désespérément la fenêtre, il se laissa aller à de la rêverie…

Son esprit vagabondait, aspiré par le brouhaha ambiant. Ah ! ce qu’il était captivant le spectacle de la vie ! Admirable même parfois. Comment avait-il pu s’en priver si longtemps ?
A peine avait-il eu ce songe que déjà l’enchevêtrement des raisons qui l’avaient poussé à se retirer lui revenait à l’esprit comme une claque. Il poussa alors un long soupir de dépit, ou bien peut-être de nostalgie…

En relevant la tête, il crut voir une apparition divine. C’était elle. Nul doute possible. Nulle hésitation à avoir. Quoi que ? N’y a-t-il pas au contraire lieu d’être submergé de craintes ???

Elle est là, c’est un fait. Mais qui est-elle maintenant ? Qui aime-t-elle ? Qui, aujourd’hui, sait faire battre son cœur et animer ses pensées ?

Et puis, comment faire ? Que dire ? Comment l’approcher ?

C’est la panique, mieux vaut se retirer ; il doit encore être temps pour fuir. Elle ne la surement pas encore vu.

'Erf, stop !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette ultime lâcheté ?'

Debout caressé par les rayons divins du soleil, elle restait immobile face au vent léger.
La petite Fée en digne fille du vent et à chaque onde de celui-ci, pouvait revivre des temps anciens et tout aussi présent.
Que le temps est illusoire, on pense qu’il se déroule dans une suite logique, mais pour la petite Fée, cela est bien différent, le temps et l’espace s’entremêlent de moments d’intensités pouvant être vécu inlassablement dans une foi divine, celle de l’amour.

‘ De mémoire de Fée, je pense n’avoir jamais tant aimé…
Que celui, qui patiemment a su m’apprivoiser sous l’ombre d’un chêne, en attendant la lumière de mes sentiments…’

C’est à cet instant que le vent prit une tout autre direction, laissant s’échapper une douce odeur, qui parcoura l’entièreté des sens de la petite Fée.
En sursaut, elle ouvra les yeux, cherchant la provenance de cette fragrance.
Un doux mélange épicé de mystère et d’éternité.
Elle avança d’un pas pour se pencher du haut de son balcon, en essayant de localisé cette profonde évidence d’un être reconnu.

"En silence…

En silence, délicatement assise sous le toit du monde à l’aube du crépuscule,
J’observe silencieusement les dernières lueurs du jour,
Tendrement, j’écoute attentivement les chants en discours,
Tout en étant fascinée part le monde couchant se réverbérant en bascule.

Et je reste immobile jusqu'à…

La tombée de la nuit ou sous le concert naissant des bruissements sourds,
Je devine les papillonnements des êtres nocturnes sous les filtres des nuages,
Songeuse, je contemple calmement l’horizon à l’infini qui traverse les âges,
Et c’est ainsi que tombe le grand rideau de la nuit en doux troubadour.

C’est alors que je m’éveille petit à petit à la vue discrète,
Du tapis de pépites étincelantes, et une à unes, les étoiles apparaissent
Et la nuit devient alors velours en destins et croisements Funeste.
Et l’espace se restreint faisant un tendre murmure de la voûte céleste.

Et se fige le temps qui en ouvre l’espace…
Une étoile brille d’avantage et le reste s’efface…

Surgit alors le souvenir d’un séduisant bourdon écumant mes jardins en habile maraudeur,
Qui, un jour a la porte de mon intime demeure, se pressait de goûter toute l'âme de mon cœur,
Qui, volait et virevolterais autour de mon aura, et réveillais en moi toute profonde ardeur,
Qui, en sa présence sonnais l’oubli fricoteur, de s'être comporté en tout bien tout honneur.

Et j’entends l’écho de mon émoi, quand lui et moi fessions quelques pas…
Ce jour là, où côte à côte mon cœur se serrais et s’ouvrais à la fois…
C’est encore pour moi d’une telle puissance, que je laisse s’envoler quelques pensées…
En silence, délicatement immobile jusqu’à l’éveil d’un rêve de lui et d’éternité…"